La Ruche Qui Dit Oui, le circuit court près de chez vous

La Ruche Qui Dit Oui est une plateforme de mise en relation entre les producteurs locaux et les consommateurs qui souhaitent jouer un rôle actif dans l’achat, le choix et le traçage de leurs produits alimentaires. Les producteurs peuvent augmenter leurs revenus, et les consommateurs renouent un lien avec l’origine de leurs produits.

Mohamed Ahripou, responsable de trois Ruches à Bruxelles, nous explique le fonctionnement de ce réseau qui a déjà séduit plus de 8000 Belges.

Mohamed Ahripou (gauche) et Edouard Cambier (droite)

Si je veux acheter des produits de la Ruche, comment je fais ?

« Pour devenir membre il suffit de se créer un compte sur la plateforme. Ensuite vous choisissez votre Ruche (près de chez vous ou de votre travail par exemple) et vous commandez ! La Ruche est un point de vente éphémère. Les producteurs préparent directement la commande et les clients viennent chercher les produits au lieu et au moment prévu. Il ne s’agit donc pas d’un marché. Ce système de commande permet d’éviter les gaspillages, ce qui est une perte pour le producteur. »

Bac de légumes La Ruche Qui Dit Oui

« Car il s’agit de producteurs locaux qui ont une distance moyenne de 60 km jusqu’au point de distribution, parfois moins. »

« Un producteur qui vend via la Ruche récupère 80 % de sa vente. Les 20 % restants sont redistribués entre d’une part le responsable de la Ruche et d’autre part la plateforme qui gère toute la partie technique.

La plateforme est adaptée à 100 % à la vente en circuit court, car le producteur y place lui-même son stock, ce qui lui permet de gérer les aléas techniques ou liés à la météo (par exemple le temps n’a pas permis de produire autant de pommes de terre que prévu ou le frigo est tombé en panne, il y aura donc moins de yaourts cette semaine). »

Et comment je fais si je veux du poisson ?

« Le poisson est un produit très demandé, mais très compliqué car il passe par les criées, alors qu’on ne peut vendre en Ruche que si l’on est le producteur du produit en question. Pas un intermédiaire.

Nous avons trouvé une coopérative brugeoise qui promeut la pêche durable : Pintafish. Étant donné que la distance avec la côte est supérieure à 60 km pour la plupart des Belges, Pintafish se déplace une fois par mois et fournit plusieurs Ruches à la fois, ce qui permet de répondre à la demande des membres tout en limitant les kilomètres parcourus. »

Si je souhaite créer une Ruche, je peux ?

« Tout à fait ! Toute personne (ou association) qui peut libérer une quinzaine d’heures de travail par semaine et qui a une vraie passion et une volonté de partir dans une aventure humaine, est la bienvenue ! »

« Chaque responsable potentiel de Ruche doit entrer une candidature. Il ou elle doit faire part de son projet et sa motivation, car ça demande un investissement régulier. Il s’agit d’animer la Ruche, de choisir et rechercher ses producteurs... Il y a beaucoup plus d’échanges avec les membres d’une Ruche que dans un circuit classique de vente-achat. Les membres sont les voisins, les proches, c’est une vraie communauté qui se crée. »

« Chaque Ruche compte 60 à 70 familles. Ce sont le plus souvent des consommateurs fidèles qui ont mis une partie de leurs courses dans le réseau de la Ruche. Ça fait partie de leur routine hebdomadaire. »

« Sur les 1 300 Ruches en Europe, la Belgique en compte plus de 120. Deux à trois Ruches belges apparaissent chaque mois. L’initiative - d’origine française - a démarré en Wallonie en 2013. Cela fait plus de trois ans que les Ruches sont maintenant aussi présentes en Flandre, où le réseau se développe très rapidement. »

« Il y a de plus en plus une prise de conscience générale des consommateurs. Les gens veulent connaitre la provenance de leurs produits. Certains vont peut-être manger moins de viande, mais veulent de la viande de qualité. C’est ça le grand point fort du circuit court : les producteurs distribuent eux-mêmes leurs produits et peuvent donc communiquer avec les consommateurs. On insiste pour qu’il y ait un contact, une interaction, un lien. »

Point de vente d'une Ruche
Bacs de légumes La Ruche Qui Dit Oui

« Tout simplement parce que les formes des fruits et légumes ne sont pas standardisées et n’entrent donc pas dans les catégories de la grande distribution. Il arrive donc d’avoir des produits pas très jolis, mais avec une saveur fantastique. Les membres de la Ruche doivent comprendre que notre intérêt n’est pas d’avoir des beaux produits esthétiques, mais des bons produits locaux. »

En plus de la vente en elle-même, beaucoup de producteurs donnent des idées de recettes et parfois même des ateliers de cuisine qui aident les acheteurs à préparer des produits moins connus.

Il paraît que les prix de la Ruche sont plus élevés que dans un supermarché ?

« Les prix ne sont pas vraiment comparables. Quand on commande à l’avance, en fonction de son menu, on fait souvent plus d’économies que lorsque l’on va au supermarché sans réellement avoir de plan. On achète alors ce qui nous donne envie, ce qui donne lieu à plus de gaspillage. Ici, on achète ce dont on a besoin, quand on en a besoin. »

« Que les gens puissent revenir à des produits locaux de saison. Le circuit court permet aux producteurs de continuer à vivre et ne pas dépendre des grandes surfaces qui imposent des cahiers des charges qui ne sont pas totalement naturels. Le circuit court peut faire changer les mentalités, aussi bien des consommateurs que des grands distributeurs. »

 

Note :
Mohamed travaille pour l’asbl Man Natura, qui a pour but d'aider les producteurs et artisans (issus de l'agriculture bio ou raisonnée) à distribuer et commercialiser leur production en circuit-court. En plus de la gestion des Ruches, ils organisent un gros événement une à deux fois par an : le Brussels Food Festival. Au programme : du street food, un marché de producteurs et artisans, ainsi qu’un espace bien-être.

Offre d'une ruche